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Autocraties et démocraties face à la crise

parNicolas HAYOZ, professeur à l’université de Fribourg (Suisse)

Articles de la revue France Forum

Considérer une population en adulte ou en enfant.

La pandémie de Covid-19 n’a pas uniquement révélé des différences considérables entre les États dans leur capacité à gérer la crise. Elle renvoie aussi aux tendances plus ou moins autoritaires d’un certain nombre d’entre eux. Tandis que le premier point concerne la capacité plus ou moins grande de l’État à faire face à une crise, à mobiliser des ressources, le deuxième révèle, à travers le dispositif plus ou moins répressif de l’état d’urgence et de ses différentes modalités telles que le couvre-feu ou le confinement, le type de régime sous-jacent. Prenons l’exemple de la Hongrie ou de la Serbie qui, depuis des années, empruntent la voie autoritaire, notamment avec le renforcement du contrôle étatique des médias, de la justice ou de l’économie. Engagés sur la pente dangereuse de l’autoritarisme, ces pays ont profité de la crise pour renforcer le pouvoir de leur exécutif. Les manifestations contre le régime serbe et son leader Aleksandar Vucic montrent bien que la population n’est pas dupe : elle n’apprécie guère une gestion de crise répressive basée sur la propagande et encore moins les pirouettes d’un leader populiste qui, pour être réélu, déclare la « sortie de crise ». D’autres gouvernements d’Europe de l’Est et du Sud-Est ont eu des réflexes autoritaires et imposé un couvre-feu très strict au lieu d’informer la population de manière transparente et de l’impliquer dans les décisions concernant la gestion de la crise. Les « hommes forts » de cette région du monde, mais aussi ailleurs, ont profité de la pandémie pour...

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