Covid-19 et mythologie (3)

parInstitut Jean Lecanuet
5 Mai 2020
Actualité

La femme n’a pas le premier rôle dans la mythologie, ni le beau rôle d’ailleurs. Que l’on songe à Médée, l’infanticide, Pandore, la naïve, ou Cassandre, la pessimiste.

C’est un peu pareil, en France, au temps du confinement. Peu d’observateurs ont remarqué la très forte masculinisation du management de la crise. Emmanuel Macron, Jupiter en personne, Édouard Philippe, Olivier Véran, le nouveau ministre de la Santé, Jérôme Salomon, le désormais célèbre directeur général de la Santé, Jean Casteix, le monsieur déconfinement du gouvernement, sans oublier les ministres Blanquer, Castaner et Lemaire, également omniprésents dans les médias.

La parité est la grande absente de cette gestion de crise et de la forte médiatisation qui va avec. Cette remarque relève-t-elle de l’anecdote ? Ce n’est pas si certain. Dans les pays qui ont très bien su à la fois traiter la crise et trouver le ton juste, on trouve l’Allemagne et la Belgique, deux pays dont les chefs de gouvernement sont des femmes. Angela Merkel, que beaucoup avaient déjà placée en retraite anticipée, a été remarquable. Elle a manié autorité et bienveillance avec justesse et sérénité, méritant une fois de plus son surnom de Mutti, maman de l’Allemagne. En Belgique, Sophie Vimes était présentée comme une intérimaire du pouvoir. En quelques semaines, elle aura gagné ses galons de « femme d’Etat », rassemblant, grâce à sa simplicité et à son empathie, un pays encore plus divisé que le nôtre.

En France, on a clairement manqué de cette expression féminine au pouvoir. Emmanuel Macron a endossé l’habit de chef de guerre quand les Français auraient peut-être souhaité une expression plus maternelle. Ne faut-il pas voir d’ailleurs dans la popularité retrouvée de Roselyne Bachelot, ancienne ministre de la Santé de Nicolas Sarkozy, l’expression de ce manque ?

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