© Nastasia Froloff

Droit international : l'urgence d'un statut pour les déplacés environnementaux

parMichel PRIEUR, professeur émérite à l’université de Limoges, président du Centre international de droit comparé de l’environnement

Articles de la revue France Forum

Sans terre ni statut.

La situation de l’environnement mondial ne cesse de se dégrader du fait de l’accumulation d’événements naturels ou anthropiques produisant un effet domino : perte de diversité biologique, sécheresse et désertification, déboisement, érosion des sols et du littoral, inondations et tsunamis, élévation du niveau de la mer, pollution du milieu marin, épidémies, conflits armés et guerres civiles, accidents industriels et catastrophes nucléaires. Sans qu’on puisse toujours bien distinguer parmi les causes de ces événements celles dues aux changements climatiques causés par l’homme de celles relevant de catastrophes purement naturelles ou de crises économiques, il en résulte le plus souvent un nombre croissant de victimes obligées de fuir leur lieu de vie habituel pour survivre1.

Les médias et l’opinion, obnubilés par les effets imprévisibles des changements climatiques, les appellent souvent...

 


_____
1. Dans Le Monde du 28 mars 2018, Pascal Canfin, directeur général de WWF France, écrit que le changement climatique crée plus de réfugiés que les guerres, ce qui est encore plus vrai si on ne se limite pas aux seuls réfugiés climatiques. Selon la Banque mondiale, dans son rapport « Groundswell : se préparer aux migrations climatiques internes », paru en mars 2018, il y aurait 143 millions de déplacés internes (c’est-à-dire à l’intérieur de leur propre pays) dans trois régions seulement, d’ici à 2050. C’est sans compter les déplacés externes (c’est-à-dire qui traversent une frontière) et les migrations environnementales autres que climatiques. Pour plus de détails, voir Dina ionesco, Daria Mokhnacheva et François Gemenne, Atlas des migrations environnementales, OIM/Les presses de Sciences-Po, 2016.

Migration
Droit international
Changement climatique