Échange avec la salle, première table ronde
Articles de la revue France Forum
Première table ronde, « Europe-Russie : quel avenir ? »
DE LA SALLE. – L’Est serait-il le perdant de la guerre froide ? Je pense plutôt qu’il a livré bataille pour son avenir.
DE LA SALLE. – Nous nous inscrivons dans un processus complexe de construction ou de reconstruction de la confiance – l’année 2015 marque aussi les quarante ans du processus d’Helsinki. Le rôle de l’OSCE aux pistes énumérées par Florence Mangin peut être ajouté. Cette organisation a provoqué des réactions ambiguës du côté russe au cours de ces dernières années. Il n’est peut-être pas anodin que Igor Ivanov ne l’ait pas directement mentionnée. La future présidence allemande et la présidence autrichienne qui suivra disposeront d’une gamme de possibilités pour élargir le processus de construction ou de reconstruction de cette confiance. D’autant que l’OSCE prend en compte la dimension sécuritaire comme économique, notamment au travers du code de conduite militaire. Il faut, enfin, évoquer le regard porté par les pays des Balkans sur les relations de l’Union européenne et de la Russie.
DE LA SALLE. – Igor Ivanov a, non seulement donné une vision, mais aussi présenté la réalité d’aujourd’hui. La Russie est un très vieux pays qui a connu une évolution dans laquelle Vladimir Poutine s’est inscrit. Il a pris, en 2000, les rênes d’un pays à reconstruire et à orienter de nouveau autour de l’idée démocratique européenne. Il doit bâtir une nouvelle nation. Cette tâche ne peut être menée à bien en seulement seize ans.
DE LA SALLE. – Existe-t-il une position russe, sinon officielle, du moins dans les think tanks, sur la question du fédéralisme et sur les cas particuliers de l’écosse ou de la Catalogne ? L’Union eurasiatique a été citée, mais pas les autres pays frontaliers, comme la Finlande ou la Suède – sans parler des pays Baltes. Des coopérations existent dans le cercle arctique, comme l’Euro-Barents. Constate-t-on des évolutions en la matière ? Les frontières sont un enjeu capital pour la Russie. Mourmansk craignait, par exemple, d’être envahi. Heureusement, il existe quelques raisons d’espérer, notamment avec le développement du tourisme : les Russes achètent des maisons en Finlande. Vous avez évoqué un club Valdaï à la française. Est-ce une proposition concrète ? Un certain nombre d’entre nous seraient prêts à y participer.
IGOR IVANOV. – Nous vivons un moment critique dans les relations entre l’Europe et la Russie : les mécanismes de dissuasion qui existaient lors de la guerre froide ont, aujourd’hui, disparu. Des incidents peuvent enclencher une escalade, y compris militaire, et déboucher sur un véritable conflit. Nous ne devons pas attendre que la situation se règle d’elle-même. Nous savons que la crise ukrainienne...