Le concept de puissance est, sans doute, le plus pertinent pour tenter de comprendre la Russie de 2015. Si les avis divergent et sont même très polarisés sur ce pays, il ne fait aucun doute que le projet de Vladimir Poutine est, avant tout, un projet de puissance, fil conducteur de son action depuis son arrivée au Kremlin, en 2000.

Traiter un sujet aussi vaste que la puissance russe en une dizaine de minutes étant illusoire, j’ai pris le parti de répondre à quatre questions qui me paraissent centrales.

Que veut la Russie ? De manière générale, de la considération pour ses intérêts stratégiques dont elle estime, à tort et à raison, qu’ils ont été ignorés depuis le début des années 1990. La liste des griefs russes est longue et bien connue, le plus important étant sans doute celui relatif aux élargissements de l’Otan. Ce thème était omniprésent dans le discours de Munich de Vladimir Poutine, en 2007, et dans celui de Valdaï, en 2014.

Pour paraphraser le politologue russe Fedor Loukianov, il s’agit de rejouer les résultats de 1991, c’est-à-dire remettre à plat, en Europe du moins, le résultat géopolitique hérité de la guerre froide, perçu comme très défavorable et même inique. La Russie ne se perçoit pas comme une puissance vaincue.

Que veut la Russie en Ukraine ? Une partie des objectifs russes a évolué, une autre est restée stable. La Russie ne veut pas que l’Ukraine intègre l’Otan ou s’engage dans un partenariat exclusif avec l’Union européenne. Elle est plus dans une logique...