L'innovation sauvera le monde de Nicolas Bouzou
Articles de la revue France Forum
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Alain Juppé souhaite, dit-il, « une identité heureuse » pour notre pays. Nicolas Bouzou plaide, lui, et quoiqu’il s’en défende dans l’introduction de ce nouvel opus, pour une économie heureuse. Dans le droit fil de ses précédents ouvrages sur la « destruction-créatrice » (nous retrouvons notre vieil ami Schumpeter page 27 !), l’économiste nous entretient de l’innovation. Innovation qui provoque la destruction, mais conduit aussi à la création. Innovation capitale car elle « sauvera le monde », selon le titre de l’essai. L’auteur aime ce titre. Il est pourtant trompeur. ou plutôt insuffisant.
L’innovation sauvera le monde si… Si nous « savons entrer dans l’avenir sans dénaturer notre passé ». Si nous savons conjuguer économie, philosophie, art et spiritualité. Si nous savons adapter nos politiques économiques. Alors oui, à ces conditions, l’innovation sauvera le monde et nous aurons répondu aux extrémistes qui envahissent le débat public. Nous n’avancerons pas avec, d’un côté, les nostalgiques d’un âge d’or et, de l’autre, les fanatiques de la mondialisation et du tout-innovation. Soyons les deux. Cultivons tradition et modernité ; valeurs et technologies ; codage et enseignement du grec et du latin. Comme les Suisses, nous dit l’auteur, qui n’aiment rien tant que les cafés de Zurich, la maison Schwert avec ses volets verts, là-bas, de l’autre côté du lac. Elle n’est plus hôtel, mais bureau pour conseillers financiers. « Sa réalité a changé mais pas sa vérité », conclut Nicolas Bouzou. L’économiste s’est fait philosophe.