France Forum. – A-t-on vraiment tiré toutes les leçons de la crise financière de 2008 au regard du niveau d’endettement public dans le monde ? Existe-t-il une vision partagée en termes de modèle financier ?

Bertrand Badré. – La question du modèle financier à suivre est d’autant plus compliquée qu’il y a eu, non seulement cette grave crise financière, mais aussi un certain nombre d’événements parallèles qui se sont télescopés, comme l’émergence de nouvelles grandes économies (Chine, Inde, Brésil...) ; les pays émergents ont pris plus de place dans ce débat et veulent aujourd’hui faire entendre leur voix. Sont-ils capables d’inventer une troisième voie ? On assiste à un brouillage des cartes généralisé qui laisse assez perplexe sur l’avenir. Beaucoup de choses ont été faites, mais sans véritable vision derrière. Deux questions fondamentales restent sans réponse : quelle économie veut-on financer et comment la financer ? Lors des grands chocs précédents, le leadership était anglo-saxon. Aujourd’hui, le Brexit et l’« America First » ne sont pas des propositions à caractère universel. C’est une forme de modèle, celui du « chacun pour soi ». On entre alors dans une économie transactionnelle où les grandes alliances, les grands sujets multilatéraux n’intéressent plus que certains acteurs. En face de cela, un contremodèle émerge, celui du...