France Forum. – Le secteur de la mode en Afrique tend à s’imposer sur la scène internationale et à être pleinement reconnu. Comment s’explique ce dynamisme ?

Adama Ndiaye. – Cela fait plusieurs années que la mode est très dynamique en Afrique. L’Occident commence seulement à s’en rendre compte. Cela tient au fait que les médias européens décident souvent des tendances, ce qui est dommage pour nous. Nous n’avons pas encore assez de médias africains pour diffuser nos propres tendances. C’est une bonne chose de s’intéresser à l’Afrique, mais il est regrettable qu’il faille qu’une grande marque occidentale sorte une collection évoquant le continent pour s’intéresser à la création africaine. Les créateurs africains ont toujours existé, la créativité a toujours été présente, mais le reste du monde ne s’en rend compte que maintenant.

FF. – Comment favoriser la création locale en Afrique et le développement d’un marché local de la haute couture ?

AN. – Il faut, en premier lieu, que les Africains aient leur propre réseau de distribution et de production. Notre développement ne passe pas uniquement par la création, mais aussi par la maîtrise de toute la chaîne de production de valeur marchande et monétaire dans l’ensemble du secteur. Tant que cela ne sera pas maîtrisé en Afrique, s’imposer durablement dans la mode internationale sera très difficile. Les États et les investisseurs africains devraient se pencher sur cette question pour créer une économie durable de la mode sur le continent. on ne parle pas de création au sens propre, il s’agit d’infrastructures et de structures pour développer un marché. Le secteur doit se structurer dans sa globalité.

FF. – Certains pays sont plus structurés que d’autres. Lesquels ?

AN. – L’Afrique du sud a une longueur d’avance. Cela tient à...