Demander à un historien du monde contemporain de porter un regard sur l’Afrique, c’est arroser les graines d’un arbre qui porte le nom de complexité. Aux prédicateurs de la pensée simpliste, prévenons que parler d’Afrique signifie s’exprimer sur un continent composé de cinquante-quatre pays tous aussi singuliers les uns que les autres, peuplé de près de 1,3 milliard d’individus, enrichi d’influences culturelles extrêmement variées… De l’Algérie au Zimbabwe en passant par la Côte d’Ivoire et la Somalie, chaque État s’inscrit dans un présent sans cesse sollicité par un passé et un avenir qui se croisent avec plus ou moins d’éclat. Repensons l’Afrique.

En comparaison, une parole prétendument d’expert qui prend l’Irlande comme seul exemple de la réalité européenne est-elle crédible ? Il est nécessaire d’entamer une véritable conversion intellectuelle. De l’Afrique, certains voient un pays – on dit communément « je suis allé en Afrique ». Et pourtant, les intellectuels et le souffle artistique permettent d’éviter toute comparaison hâtive avec la marche d’autres continents. L’Afrique n’existe pas et l’Africain non plus. Il existe des Afriques et des Africains. Le mouvement d’un continent...