La notion de minorité renvoie historiquement à la présence de groupes constitués perçus comme étrangers ou différents au sein des empires et des états traditionnels. En matière religieuse, les minorités se divisaient en deux groupes principaux : les communautés qui représentaient une religion différente de celle majoritaire du pays et les minorités qui professaient une version réformée ou considérée comme hérétique de la forme religieuse légitime/majoritaire. À travers l’Histoire, selon que ces minorités ont appartenu à l’un ou l’autre groupe, qu’elles se trouvaient à cheval sur les frontières établies entre les Etats, elles ont fait les frais, au mieux d’un traitement différencié, au pire d’une répression violente et éliminatoire de la part des autorités publiques, avec l’assentiment de leur majorité religieuse et nationale.

UNE PROTECTION INTERNATIONALE. Les empires antiques ont pu certes connaître une gestion pacifique de leurs minorités religieuses dans la mesure où leur existence impliquait la réunion sous une même autorité politique d’un ensemble de peuples différents par leurs coutumes et leurs croyances. On songe au premier Empire perse, à l’Empire romain préchrétien qui pratiquait une large tolérance à condition que les peuples soumis acceptent le culte officiel à la ville de Rome, puis à l’empereur.

Le modèle historique dominant a néanmoins été celui de l’uniformité religieuse obligatoire. L’alliance entre pouvoir politique et religieux se concevant comme universelle a produit, d’un côté, le contrôle et la responsabilité régalienne dans la conformité religieuse, et de l’autre, la discrimination ou l’exclusion récurrentes des concurrences religieuses, avec une répression toujours plus implacable des déviances internes. La longue histoire des juifs en Méditerranée chrétienne et en Europe n’est ainsi qu’une succession d’interdictions, d’expulsions et de dépossessions, entrecoupée de quelques périodes...