L'Ossétie du Sud entre empire et nations
Articles de la revue France Forum
Un conflit oublié… et ses raisons aussi
La reprise des hostilités au Haut-Karabakh a remis sur le devant de la scène des conflits caucasiens liés à l’effondrement de l’Union soviétique et faussement dits gelés. Or, les trente ans écoulés ont donné lieu à des réinterprétations dont la diversité même montre qu’ils sont le reflet de projections d’un imaginaire géopolitique. Ainsi, tandis que, dans les années 1990, la mainmise sur les hydrocarbures avait supplanté la grille ethnique comme interprétation dominante, les conflits au Caucase ont ensuite été lus à travers le prisme du religieux. Or, le conflit d’Ossétie du Sud montre les limites de ces interprétations globalisantes : nulle haine multiséculaire, nul enjeu géopolitique majeur, nul antagonisme confessionnel ne vient expliquer des différends qui ont donné lieu à plusieurs épisodes d’affrontements armés plus ou moins intenses depuis 1990.
Implantés essentiellement au nord de la chaîne montagneuse, les ossètes sont également présents dans plusieurs régions de Géorgie. Le nombre élevé de locuteurs de géorgien et de mariages mixtes était alors considéré comme un indicateur d’une forte intégration dans la société géorgienne. Enfin, la majorité des ossètes comme des Géorgiens sont orthodoxes. Pourtant, la communauté de foi n’a pas joué de rôle pacificateur : la religion a certes été de plus en plus mobilisée au fil des années, mais le résultat a été que le conflit entre états s’est doublé d’un conflit entre églises orthodoxes sur la délimitation des territoires canoniques.
C’est dans l’historicité propre de la région et dans le temps long – et en relativisant les ruptures mises en avant dans les lectures en termes de « nouveaux conflits » – que sont à chercher les logiques qui ont présidé aux développements en Ossétie du Sud.
LA RECONNAISSANCE DE L’INDÉPENDANCE. Les historiens ont montré comment, entre 1918 et 1921, des identités...