Sur la frontière méditerranéenne
Articles de la revue France Forum
De l’Europe forteresse à l’Europe espérance.
L’initiative de la France, doit se tenir à Marseille, le 24 juin 2019, un Sommet des deux rives, décidé et préparé lors d’une réunion des ministres des Affaires étrangères du dialogue 5+5 qui a eu lieu à Malte, en janvier dernier.
Le format et les objectifs de ce sommet sont beaucoup moins ambitieux que ceux de la dernière Conférence euro-méditerranéenne qui s’était tenue également à Marseille, en novembre 2008, et avait abouti à l’adoption d’un schéma relativement prometteur d’Union pour la Méditerranée (UPM). Celle-ci essayait de croiser les avantages et de dépasser les faiblesses de deux modes de partenariat transméditerranéen qui avaient été précédemment expérimentés, mais avaient déçu : le processus de Barcelone, lancé en 1995 par la Commission européenne, et le dialogue euro-arabe, plus ancien et plus équilibré. Quarante-trois États se trouvaient associés dans l’UPM dont Israël qui se trouvait ainsi reconnu par ses partenaires régionaux. Toutefois, la mise en œuvre de la nouvelle organisation a été immédiatement paralysée par l’opération « plomb durci » menée par le gouvernement israélien, en janvier 2009, contre Gaza (et qui a fait environ 1 400 morts palestiniens et 10 israéliens). Depuis, l’UPM ne survit plus que sous forme léthargique à travers des activités très modestes dont la principale est de labéliser des projets de coopération1. En réalité, la crise profonde dans laquelle sont plongées, depuis dix ans, les relations euro-méditerranéennes semble remettre en cause la possibilité même d’une politique méditerranéenne de l’Union européenne (UE). Cette ambition a aussi été fortement contrariée, ces dernières années, par les errements de la diplomatie américaine, l’interventionnisme russe et...