Trouver un visage au Brexit
Articles de la revue France Forum
Comment en sortir et surtout comment s’en sortir ?
Le Brexit absorbe actuellement une si grande partie de la vie politique britannique qu’il est difficile de parler d’autre chose. Pourtant, en dépit de son omniprésence, lui donner un visage et le conceptualiser procède d’un exercice délicat. Le terme « Brexit » lui-même est devenu un mot fourre-tout dénué de sens, presque aussi utile que « mondialisation » ou « néolibéralisme ».
PLUS DE QUESTIONS QUE DE RÉPONSES. Le Brexit renvoie-t-il au départ du Royaume-Uni de l’Union européenne ou au type de pays que celui-ci souhaite incarner ? Veut-on parler de « reprendre le contrôle » des mains des eurocrates de Bruxelles ou bien de celles d’une « élite métropolitaine » du centre de Londres ? S’agit-il d’une confiance démesurée en des responsables politiques qui promettent la lune ou d’un risque calculé pour positionner le Royaume-Uni face aux réalités du XXIe siècle et à une UE en proie aux crises à répétition ? Est-ce un cri des oubliés de la mondialisation ou un vote de confiance visant à rendre au Royaume-Uni sa grandeur d’antan ? Cela a-t-il à voir avec les craintes liées à la fragmentation d’une UE condamnée, voire vouée à disparaître, ou avec les possibilités offertes par le départ de l’État membre qui a tant œuvré pour tuer dans l’œuf l’idée des États-Unis d’Europe ?
On ne connaît même pas avec certitude la date du Brexit. Était-ce le 23 juin 2016, lors du vote pour quitter l’UE ? Le 29 mars 2019 à 11 heures, à l’échéance de la période de deux ans prévue par l’article 50 ? Le 31 décembre 2020 à minuit, fin programmée de la période de transition proposée ? À la fin d’une période de prolongation quelconque de l’article 50 ? Ou s’agit-il, somme toute, d’une épopée entamée bien avant le référendum reflétant les relations souvent difficiles entre le Royaume-Uni et une Union européenne qui suscite depuis toujours la méfiance d’une...