Une diplomatie à la hauteur de ses ambitions ?
Articles de la revue France Forum
Les gouvernements passent, les principes diplomatiques demeurent.
La diplomatie italienne s’est traditionnellement développée au sein d’un horizon stratégique cohérent, caractérisant la politique étrangère du pays à partir de trois principes directeurs rarement remis en question : un engagement en faveur du renforcement du processus d’intégration européenne, la promotion de relations pacifiées et de coopération avec les pays de l’aire méditerranéenne et un ancrage solide à la relation transatlantique. Cette cohérence a résisté à la volubilité du système politique italien et à l’instabilité de ses gouvernements – 67 depuis la fondation de la République, 7 ces dix dernières années.
De ce point de vue, la période récente a représenté une anomalie qu’il est intéressant de relever puisque l’on a pu observer un décalage, même s’il est temporaire, avec ces axes traditionnels. Cela a coïncidé avec la formation du premier gouvernement dirigé par Giuseppe Conte, formé à l’issue des élections législatives de mars 2018, grâce à un accord de coalition entre le Mouvement 5 étoiles, mouvement populiste antisystème créé en 2009 par un ancien humoriste, Beppe Grillo, et la Ligue de Matteo Salvini, issue du parti d’extrême droite, La ligue du Nord pour l’indépendance de la Padanie de Umberto Bossi. À l’échelle internationale, les éléments à prendre en considération pour expliquer ce changement sont, d’une part, la présidence américaine de Donald Trump qui, depuis 2016, ébranlait les bases de la relation transatlantique et se lançait dans une confrontation toujours plus rugueuse avec la Chine, et, d’autre part, un nouvel activisme des puissances régionales comme la Russie, la Turquie et l’Égypte dans le bassin méditerranéen. En Europe, le panorama politique était caractérisé par la montée de forces politiques d’extrême droite (France, Allemagne et Autriche), de mouvements populistes antisystème comme les gilets jaunes et l’émergence de « démocraties illibérales » comme en Hongrie et en Pologne.
LA DIPLOMATIE À L’ÉPREUVE. En 2018, le gouvernement Conte I, entraîné par la Ligue, a promu une politique d’opposition plus marquée à certaines décisions importantes de Bruxelles, s’éloignant ainsi des positions française et allemande et cherchant des appuis auprès des gouvernements eurocritiques ou...