L’union européenne perd-elle son porte-parole dans les relations transatlantiques ?
Articles de la revue France Forum
De plus en plus un mariage d’argent autour de l’euro.
À la veille du débarquement allié en France en 1944, Winston Churchill déclarait au général de Gaulle : « Entre l’Europe et le grand large, nous choisirons toujours le grand large2. » Le même Churchill avait lancé l’expression de « relation spéciale » entre les États-Unis et le Royaume-Uni dans le discours de Fulton au cours duquel il avait évoqué aussi le « rideau de fer » (1946).
Dans toute l’histoire de la construction européenne, le Royaume-Uni a eu le pied plus souvent sur la pédale de frein que sur l’accélérateur. Ainsi, avant son entrée dans l’Union européenne (UE) en 1973, le Royaume-Uni a voulu donner un caractère intergouvernemental au Conseil de l’Europe né en 1949, puis a refusé de se joindre au lancement de la Communauté européenne de l’acier et du charbon (CECA) en 1950-1951 et du Marché commun en 1957.
Le paradoxe est que la construction européenne et le partenariat transatlantique sont pourtant les deux faces d’une même médaille, comme l’avait parfaitement observé Jean Monnet : c’est pour consolider un bastion ouest-européen face à la menace soviétique que les États-Unis ont encouragé la libéralisation des échanges, le projet communautaire et celui de Communauté européenne de défense. Encore en 1962, le « grand dessein » de John F. Kennedy (inspiré par Jean Monnet) visait à créer une « communauté transatlantique » à deux piliers, les États-Unis d’Amérique et les États-Unis d’Europe.
LE « CHEVAL DE TROIE » BRITANNIQUE. Les Britanniques ont fini par l’admettre en posant leur candidature en 1961, mais celle-ci fut rejetée à deux reprises par le général de Gaulle (1963 et 1967), désireux d’affirmer une Europe « européenne » face aux États-Unis et ne voulant pas du « cheval de Troie » britannique. Ce n’est qu’après le départ du général de Gaulle que...