Les algorithmes ont définitivement pénétré nos existences numériques puisqu’ils conditionnent et accélèrent désormais en grande partie notre accès à la connaissance (du monde, des autres, des savoirs, des produits, etc.). Comme l’affirme une récente étude¹, les internautes reconnaissent eux-mêmes que les moteurs algorithmiques sur Internet agissent comme des extensions de leur cerveau. Ainsi, contrairement au slogan utilisé par le géant de l’Internet, il semble que ce soit le géant qui se soit assis sur les épaules du nain. Et si, avec les algorithmes, le cerveau humain s’était trouvé une prothèse ?

Parallèlement aux algorithmes « experts » qui émulent une intelligence artificielle en nous assistant dans la recherche de contenus numériques, en nous recommandant avec pertinence des produits culturels, en interprétant judicieusement nos commandes vocales ou encore en nous défiant aux jeux d’échecs ou de go, se trouvent aussi des algorithmes « ethnographes » qui participent activement au mécanisme de la digitalisation accélérée du monde. Si la première famille requiert l’utilisation de moyens de calcul massifs et centralisés, la seconde s’embarque dans de l’électronique « low cost », celle qui équipe le smartphone ou la montre connectée. Elle permet, par exemple, les restitutions spectaculaires réalisées par la photographie numérique à partir d’une optique de faible qualité intégrée dans le téléphone portable. L’application populaire de reconnaissance...