Le monde occidental a connu au cours des deux derniers siècles une période de croissance historique qui infléchit fondamentalement le destin de l’humanité. Les progrès de la science et de la médecine ont permis à la population de passer le cap du milliard d’habitants au début du XIX^e siècle pour atteindre 2,5 milliards en 1950 malgré deux guerres mondiales et dépasser, aujourd’hui, le nombre de 7,5 milliards. Il a fallu près de deux mille ans pour constater une multiplication par sept de la population. La croissance de la richesse par habitant est non moins remarquable puisque, après des millénaires de stagnation – on estime que le revenu de l’esclave romain, du serf féodal ou de l’ouvrier représentait un pouvoir d’achat de l’ordre d’un dollar par habitant et par jour –, le PIB par habitant s’est envolé dans le monde occidental et décolle dans de nombreux pays émergents.

Cette période de prospérité unique n’aurait pas été possible sans l’apport fondamental des mathématiques appliquées à la physique et aux technologies qui ont enfanté trois révolutions industrielles : la première avec les technologies utilisant la vapeur d’eau, le développement du transport et de l’imprimerie entraînant la chute du coût des matières premières et l’alphabétisation de masse ; la seconde avec le moteur à explosion et l’électricité permettant la production agricole et industrielle de masse ainsi que la naissance des télécommunications ; la troisième avec le numérique, les réseaux cellulaires et les énergies renouvelables, ouvrant l’ère de la personnalisation dans un monde global...