France Forum. – Dans Gagner à en mourir, vous offrez au lecteur une méditation sur le match du 9 août 1942 qui vit l’équipe ukrainienne du FC Start vaincre 5 buts à 3 celle de la Flak, la défense antiaérienne allemande. Dans les jours qui suivirent, les Allemands arrêtèrent, puis exécutèrent une partie de l’équipe adverse. Pour vous, est-ce la preuve ultime que le sport participe des grands drames universels ?

Pierre-Louis Basse. – Il faut se méfier de ne pas « plaquer » a posteriori des analyses qui peuvent être péremptoires sur des événements passés. C’est notre regard sur le sport qui a profondément changé. Un regard devenu transversal, ouvert, en plan large, et qui finit par embarquer l’histoire politique et la mémoire. C’est la raison pour laquelle je me suis efforcé de m’approcher au plus près de la réalité – de la vérité – de ce « match de la mort » qui s’est joué à Kiev, en 1942. Se méfier aussi de toutes les manipulations – hier soviétiques, aujourd’hui nationalistes –, pouvant nous conduire à falsifier ce qui fut un match de football disputé par...