Prosperity without Growth de Tim Jackson
Articles de la revue France Forum
Comment prospérer ? Si la modernité a permis à des milliards d’êtres humains de vivre mieux, elle est aussi source d’écarts de plus en plus importants. Ces inégalités structurelles s’accroissent à mesure que la richesse mondiale augmente.
Pourtant, il semblerait que le système dans son état actuel participe peu à leur réduction.
Quel modèle économique permettrait de concilier progrès et équité ? Le modèle actuel aboutit-il nécessairement à la dégradation de la nature et à la production d’écarts de richesse ? C’est pour répondre, entre autres, à ces questions que Tim Jackson a entrepris la rédaction de Prosperity without Growth, une analyse passionnante qui propose de renouveler notre conception de l’économie. Ce n’est, certes, pas la première fois que le système économique dans lequel nous vivons est remis en question. Pourtant, l’aggravation de la dégradation de la planète et la pression qui pèse sur les ressources naturelles (comme sur les individus) rendent urgent le besoin d’y réfléchir. Tout aussi grave, explique l’auteur, un risque d’effondrement systémique global est probable si l’écart entre la base (toujours plus large) et le sommet (toujours plus restreint) devient trop important.
Cet ouvrage mène une analyse approfondie des défaillances du système économique. L’auteur y mêle postulats économiques, données scientifiques et faits tirés de la sociologie ou de la psychologie. La prospérité ne peut plus être mesurée en simples termes économiques ; elle doit tenir compte de la soutenabilité aussi bien matérielle qu’humaine de la croissance dégagée.
L’originalité première de cet ouvrage est de présenter un modèle systémique alternatif scientifiquement appuyé, qui ne rejette pas pour autant le modèle capitaliste tel que nous le connaissons. La question n’est plus de savoir quel système nous souhaitons, mais quel système permet de produire tout en prospérant. Tim Jackson offre, à travers sa démarche, de nombreuses pistes de réponse et incite à considérer l’économie comme un tout, profondément lié à notre être et à la planète, et pas simplement comme un système de production. Ce changement de prisme est la première étape vers une croissance plus saine.
Après tout, les pères de la pensée moderne n’ont-ils pas été les premiers à tracer un parallèle entre le corps humain et l’économie ?