L’antisémitisme, une lutte éternelle
Articles de la revue France Forum
Les bruits de bottes n’ont pas cessé.
Alors que le mot « antisémitisme », qui désigne une haine de nature discriminatoire à l’égard des personnes de confession juive, n’est apparu qu’au XIXe siècle – par l’adjonction du préfixe anti au nom Sem, qui désigne originellement l’un des fils de Noé –, il est aisé de retrouver, au fil de l’Histoire, différentes formes de persécution que le terme d’antisémitisme englobe désormais dans le langage contemporain. Toutes ces formes contribuent à faire de l’antisémitisme une forme de haine particulière, par son ancienneté, son irréductibilité et les extrémités auxquelles elle a pu conduire l’humanité.
L’HISTOIRE SOMBRE DU PEUPLE JUIF. La volonté d’isoler les populations juives en constitue une première émanation, qui apparaît dès le Moyen Age avec le concile de Latran de 1215. En les distinguant, il s’agit bien de les marginaliser. C’est ainsi que la papauté recommande l’imposition du port de la rouelle aux personnes de confession juive, ce qui sera appliqué en France par le roi Louis IX. Cette démarche d’isolement connaît aussi un pendant géographique avec l’apparition, à la même époque, de quartiers spécifiquement réservés aux habitants de confession juive. La république de Venise imposera aux juifs, au XVIe siècle, l’obligation de s’installer dans ces quartiers, qui seront alors connus sous le nom de « ghetto », nom du quartier vénitien où ils étaient parqués. Si, dans certaines villes, cette séparation urbaine est ordonnée afin d’éviter aux juifs d’être importunés, elle acte aussi un terrible constat, celui du renoncement à les intégrer au sein de la vie de la cité. Cet échec d’intégration connaît un épisode extrême avec l’expulsion des juifs d’Espagne à la fin du XVe siècle.
Les violences envers les personnes de confession juive se développent en parallèle à cette marginalisation qui leur est imposée. Sans revenir en détail sur les différentes exactions qui ont émaillées l’histoire sombre du peuple juif durant le dernier millénaire, rappelons que plusieurs de ces actes trouvaient leur source dans la tendance à désigner les juifs comme boucs émissaires. Citons notamment les persécutions perpétrées au cours de la Grande Peste de 1348, à l’instar du pogrom de Strasbourg du 14 février 1349, les juifs étant accusés de colporter la maladie. Ces faits résonnent douloureusement avec...