La géographie est la grande oubliée de nos diagnostics économiques et sociaux. Et pourtant, la France est aussi une géographie et peut-être même avant tout comme l’a merveilleusement conté Fernand Braudel, l’un des rares intellectuels à avoir su parler de l’identité de la France sans verser dans le nationalisme rance. Braudel nous raconte comment, voyageant en voiture dans notre pays, on comprend que la France est avant tout diversité géographique. elle est donc aussi diversité agricole, architecturale et historique. Première remarque.

La seconde est que la France est un très vieux pays. Bien avant Clovis, des individus s’y sont établis laissant des traces d’habitats, de routes et de peintures. Diversité et histoire font de notre pays – et pas seulement des grandes villes mais aussi des campagnes – un territoire à part, à l’exception de quelques-uns comme l’Italie. Mais la réunion de ces deux caractéristiques est rare. C’est sans doute pourquoi la France représente 0,4 % de la surface planétaire, mais 4 % du patrimoine mondial classé à l’Unesco. Et encore, tout ceci ne comptabilise pas nos savoir-faire humains, notamment dans le domaine de l’artisanat d’art (par exemple, la rénovation de vitraux), le patrimoine immatériel ou ce que Christian Hottin appelle joliment le domaine des « émotions patrimoniales ».

Rare est aussi la richesse de nos musées. Ces dernières années, peu de villes dans le monde ont pu donner à voir Velasquez, Koons ou Bonnard. Ce patrimoine, il nous convient, non pas seulement de le protéger, ce qui pourrait verser dans la réaction, mais de le magnifier et de le faire fructifier. Dans cette affaire, tradition, économie et avenir sont...