Le bouleversement de la condition humaine multiplie les fantasmes autour de l’imprévisible : ce qui est imprévu devient insupportable. Bossuet rappelait, chaque dimanche, aux riches courtisans de Versailles que Dieu pouvait les rappeler à Lui à chaque seconde. Aujourd’hui, la vie est un capital qui ne peut être soumis au hasard. Les gouvernements occidentaux promettent désormais à chacun plus de quatre-vingts ans de vie bonne et heureuse, de performances et de plaisirs, sans souffrances ni handicaps. Ils en sont rendus comptables. Il n’existe plus de pyramide des âges, mais un couloir des âges : notre fin de vie, hommes et femmes, se situera désormais entre 82 et 95 ans. Pour tous. C’est la promesse de notre collectivité.

Nous rêvons d’une condition humaine et politique qui ne serait plus soumise qu’au marché et au droit et dispensée de la politique. C’est le rêve libéral de...