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Istanbul : l’impossible alternance ?

parJean-François PEROUSE, ancien directeur de l’Institut français d’études anatoliennes (Turquie)

Articles de la revue France Forum

Nul n’est prophète en sa ville ; pas même Erdogan !

Plus grande agglomération de Turquie – trois fois plus que la capitale Ankara qui va fêter ses cent ans en 2023 –, de sa région et même de l’ensemble du bassin méditerranéen, avec plus de 16 millions d’habitants enregistrés au début de l’année 2020, Istanbul fait partie des « agglomérations urbaines » dont la mairie métropolitaine a basculé dans l’opposition lors des élections municipales de 2019. Ce, alors même qu’elle était aux mains de l’islam politique turc depuis mars 1994, date à laquelle le jeune Recep Tayyip Erdogan était devenu maire sous les couleurs du Parti de la prospérité1.

Si le président Erdogan s’est empressé de rappeler le caractère local de ce résultat – alors même qu’il avait soutenu tout le contraire lors des deux campagnes successives –, ce basculement dans l’opposition n’a pas manqué de susciter des commentaires sur l’avenir national de l’AKP. Quels sont le sens et la portée de cette victoire de l’opposition à Istanbul ? En quoi les développements ultérieurs doivent conduire à quelque prudence ?

L’assez large victoire de Ekrem Imamoglu, le 23 juin 2019, avec environ 700 000 voix de plus que son adversaire de l’AKP, est intervenue après l’annulation, par le pouvoir central, des résultats du 31 mars. Cette victoire est d’autant plus spectaculaire que le président de la République a exercé des pressions tous azimuts et des ingérences permanentes dans cette seconde campagne. Ce revers électoral est devenu de ce fait le...

 


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1. Dont l’actuel Parti de la justice et du développement (ou AKP) peut être considéré comme un avatar.

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