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L’Italie en Afrique

parMario GIRO, professeur à l’université pour étrangers de Pérouse (Italie)

Articles de la revue France Forum

La Corne, le Sahel et au-delà…

La politique italienne à l’égard de l’Afrique a été complètement révisée au cours des dernières années. Après la guerre froide et, en particulier, depuis 1994, l’Afrique a été progressivement délaissée par les partis politiques et l’administration, à quelques exceptions près. L’Italie était alors concentrée sur les Balkans (années 1990), la Méditerranée (du fait des différentes crises et guerres au Moyen-Orient) et les pays arabes du Golfe. Après avoir joué un rôle important dans la coopération et la politique étrangère des années 1970 et 1980, l’Afrique est restée en retrait, abandonnée aussi par les grandes entreprises, à l’exception d’Eni et de quelques autres. En raison de l’austérité, même la politique de coopération et de développement a été massivement réduite. Néanmoins, le continent reste au centre de l’intérêt de l’église, de la société civile, des associations et des ONG.

Pendant ses mandats, Silvio Berlusconi ne s’est jamais rendu au sud du Sahara, le pays le plus méridional qu’il a visité étant l’Égypte. En 2011, avec le gouvernement de Mario Monti, tout change très vite en commençant par l’institution – une première – d’un ministère de la Coopération et de l’Intégration. Le président Giorgio Napolitano le confie à une figure importante et respectée : le professeur Andrea Riccardi, fondateur de la communauté de Sant’Egidio, très présente en Afrique. Le budget de la coopération, tombé sous la droite à 0,19 % du produit national brut (avant-dernière place en Europe), remonte rapidement. Cette tendance se poursuit avec les gouvernements de Enrico Letta, Matteo Renzi et Paolo Gentiloni. C’est la période de relance tous azimuts des relations avec le sous-continent. L’augmentation progressive des fonds disponibles met en branle un cadre institutionnel resté immobile pendant des années. L’Italie se dote d’une nouvelle loi de coopération (loi 125 de 2014) qui prévoit la naissance de l’Agence de coopération et la transformation de la Cassa Depositi e Prestiti (caisse des dépôts et consignations) en banque de développement. Cela engendre une augmentation de la présence et de la planification stratégique en Afrique, également sur les plans diplomatiques (ouverture de cinq nouvelles ambassades) et militaire (participation à des opérations conjointes et accords bilatéraux).
 

L’AFRIQUE, UNE CHANCE. L’augmentation exponentielle des fonds de la coopération déléguée donne un nouvel élan au dialogue avec les institutions européennes. « L’Italie est de retour », dit-on dans les cercles internationaux. Les délégations africaines de passage à Rome se multiplient. Le changement d’attitude du secteur privé est tout aussi significatif...

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