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Le secteur informel, levier de développement

parJacques CHARMES, directeur de recherche émérite à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et au Centre population et développement (CEPED) de l’université Paris Descartes

Articles de la revue France Forum

Bénéficiaires, mais aussi premières victimes.

Selon les plus récentes estimations, l’emploi dans l’économie informelle concernerait près de 2 milliards de personnes dans le monde sur un total de 3,25 milliards d’actifs occupés, ce qui représente près de 61,2 % du total des emplois et plus de la moitié (50,5 %) des emplois non agricoles1. En termes de PIB, le secteur informel y contribue pour près de 55,6 % en Afrique de l’ouest, 34,1 % en Afrique du Nord, 29,2 % en Amérique latine et 41,6 % en inde. Hors agriculture, ces chiffres s’élèvent respectivement à 42,1 %, 24,1 %, 26,7 % et 34,1 %2.


MAIS QU’ENTEND-ON PAR ÉCONOMIE INFORMELLE ? Une confusion courante assimile l’économie informelle à l’économie illégale, souterraine, ou à l’économie de l’ombre. Pourtant, de par son origine, c’est bien plutôt une économie qui s’exerce en pleine lumière, « en plein soleil » comme l’exprime le terme swahili juakali qui sert à désigner ces activités au Kenya, pays où est né le concept au début des années 1970. Une façon d’exprimer que ces activités ne se cachent pas délibérément. Ce sont plutôt les autorités qui...


 

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1. Bureau international du travail, « Women and Men in the informal Economy : a Statistical Picture », Genève, 2018.
2. Voir de l’auteur, Informality, Solidarities, Unpaid Care Work : Forms of Resilience in Developing Countries, Springer, Dordrecht, Pays-Bas, 2018.

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