Les déshérités ou l'urgence de transmettre de François Xavier Bellamy
Articles de la revue France Forum
Quel paradoxe ! Jamais le savoir n’a été si disponible en tout lieu et en tout temps grâce à Internet et aux outils numériques et jamais la question de la transmission ne s’est posée avec autant d’acuité.
Que transmettre ? Des connaissances ? Au risque de répéter, en moins complet, ce qu’offre l’ordinateur. Des compétences ? Au risque, comme le pense l’auteur, de sacrifier notre culture. Pour François-Xavier Bellamy, « nous voulons toujours éduquer, mais nous ne voulons plus transmettre ». La culture n’est plus une nourriture, mais une décoration, au mieux. Comment, dès lors, éviter de fabriquer des générations de « déshérités » dont une minorité se réfugiera nécessairement dans la violence ? Comment renouer ce lien, essentiel, entre savoir et compétences, entre savoir et liberté ? La culture n’asservit pas, comme le prétendaient et le prétendent encore certains pédagogues – elle affranchit. Elle n’aliène pas, comme disait Bourdieu – elle libère les plus faibles.
En définitive, et c’est la thèse que défend François-Xavier Bellamy, Bourdieu n’a pas pénalisé nos élites et les enfants de bonne famille en cassant l’école d’avant 68. C’est tout l’inverse. Car les enfants des catégories supérieures n’ont pas, ou peu, besoin de l’école pour réussir. Le savoir, ils l’ont chez eux à tout instant, donc peu importe qu’ils ne le reçoivent plus à l’école. Non, les vraies victimes de Bourdieu, ce sont les enfants des pauvres, les plus fragiles, les fils et filles d’immigrés, ceux qui comptaient justement sur une école du savoir pour rompre leurs chaînes. Pour se construire. Pour s’épanouir. Pour réussir.