La puissance militaire semble, aujourd’hui, un concept à la fois vaguement obsolète et inquiétant, entaché du discrédit moral et politique jeté sur la guerre depuis la Deuxième Guerre mondiale, dans une Europe en pleine démilitarisation. Pourtant, la violence armée ne se tarit pas, mais, au contraire, s’étend et se rapproche.

On ne peut faire l’économie d’une réflexion sur l’exercice de la puissance militaire depuis une quinzaine d’années, en particulier à la suite des interventions en Irak et en Afghanistan. Ce n’est pas notre propos aujourd’hui que de tirer un bilan de ces opérations : je me contenterai de vous renvoyer aux dix leçons tirées par les Américains d’une décennie de guerre en Irak. Ils font généralement preuve d’une remarquable lucidité, y compris sur leurs propres échecs. Ils constatent une inadaptation de leur mode d’exercice de la puissance militaire à l’aide d’une analyse articulée suivant les trois pôles de la trinité clausewitzienne : une compréhension insuffisante de l’environnement politique et social, une inadaptation des modes de combat et une conception de la guerre déconnectée de la réalité et, enfin, une déconnexion de la situation politique.

Au-delà, on observe un retour de balancier vers la défensive dans le vieux débat stratégique qui l’oppose à l’offensive. Depuis des décennies, cette supériorité a bénéficié de...