La France s’est longtemps donné bonne conscience en faisant de la Marianne le symbole de la République. À force d’en voir depuis si longtemps le buste dans les mairies ou l’effigie sur les timbres ou nos anciens francs, on finissait par oublier que Marianne devait rimer aussi avec femme, avec combat et même, nous rappelle utilement ce livre, avec diversité.

Marianne a pris des figures multiples comme en témoigne l’impressionnante collection de bustes qui s’offre au visiteur de l’assemblée nationale. À partir des années 1970, Marianne s’ancre dans la modernité en prenant les traits de Brigitte Bardot, de Catherine Deneuve ou de Lætitia Casta, et on se prit alors à regretter qu’une telle initiative n’ait pas permis, quelques années plus tôt, à Joséphine Baker de rejoindre le cercle très fermé de ces Marianne(s). Et pourtant, la légendaire meneuse de revue des année 1920, naturalisée française en 1937, agent du contre-espionnage français pendant la seconde Guerre mondiale, militante antiraciste, mère adoptive de douze enfants de toutes origines (bien avant Brad Pitt et Angelina Jolie) aurait, elle aussi, bien mérité de la République. Le travail mené par Fadila Mehal répare en partie l’oubli.

De manière pédagogique et illustrée, ce livre sur les Marianne(s) réunit toutes celles qui, comme Joséphine Baker, Marie Curie ou Simone Signoret, ont participé à l’émancipation des femmes au long du XX^e siècle, mais aussi et surtout toutes ces « venues d’ailleurs » qui, aujourd’hui encore, poursuivent ce combat pour les femmes et donc pour la République.

Les Éditions de l’atelier, 2015 –25 €