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Partir ou rester ? Les cycles de territorialisation des industries

parJacques FACHE, professeur à l’université d’Angers

Articles de la revue France Forum

La fidélité de l’entreprise à un territoire : une valeur qui s’est perdue.

La territorialisation, c’est-à-dire la force du lien entre une activité et son espace géographique d’implantation, est une préoccupation politique récente. En effet, durant des décennies, les localisations ont fait preuve d’une remarquable stabilité. Les usines ont ainsi modelé leur espace en en faisant un territoire. La sidérurgie dans le bassin du Creusot, les chantiers navals à La Ciotat ou le textile à Roubaix ont façonné des modes de vie, de sociabilisation, des solidarités, mais aussi des manières de voir le monde et donc de politisation. Le choc de la crise des années 1970 a été violent, mais aussi et surtout d’une autre nature que les précédents. En effet, depuis cinquante ans, le choc industriel se traduit par une mutation parfois radicale des implantations, entraînant des disparitions et des relocalisations à une échelle internationale. Des régions industrielles parfois anciennes comme Carmaux ont ainsi été rayées de la carte en quelques décennies. Trois fragilités nouvelles permettent de comprendre la nouveauté de la question de la territorialisation.
 

TROIS FRAGILITÉS. La première fragilité tient à l’évolution des transports justifiant l’ancrage. Au début de l’industrie, était la matière première et l’énergie, à une époque où le transport était difficile et donc coûteux. Le modèle du XIXe siècle évolue avec les technologies nouvelles dans l’ensemble des transports...

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