Plus de dix ans se sont écoulés depuis les premières manifestations contre le régime du colonel Mouammar Kadhafi et le commencement de la crise libyenne. Dès le début, la situation en Libye a été caractérisée par l’influence décisive des acteurs externes. Le soutien de l’Otan et des pays arabes aux révolutionnaires a eu, ainsi, un rôle fondamental. Après la chute du régime de Kadhafi, en octobre 2011, les puissances étrangères ont soutenu différents acteurs en fonction de leur vision de l’avenir de la Libye et de leurs intérêts stratégiques.
 

L’ESPACE D’UNE GUERRE PAR PROCURATION. Cette implication de forces extérieures a contribué à plonger le pays dans une spirale de dynamiques et de conflits de vaste portée régionale. De fait, la polarisation entre les forces «  laïques  » et les forces «  islamistes  » qui s’est développée dans le pays nord-africain est un reflet de ce conflit régional qui oppose différentes visions de la légitimité politique. Du point de vue international, le vide politique créé par le retrait progressif de l’hégémonie américaine au Moyen-Orient a permis aux acteurs régionaux, et notamment à la Russie, de renforcer leur rôle.

Ces dynamiques extérieures ont de fait découragé la réintroduction du monopole de la force et facilité la fragmentation de la Libye, devenue l’espace d’une guerre par procuration. Dans ce contexte complexe, certaines puissances étrangères comme la Turquie et la Russie semblent décidées à rester durablement sur place  ; reste à savoir si le nouveau gouvernement d’unité nationale (GNU), nommé en mars 2021, sera le prélude à une Libye indépendante des forces étrangères.

Après tout, il n’est pas à exclure que la Libye puisse devenir une plate-forme à partir de laquelle la Russie pourrait directement miner la sécurité européenne. Grâce à ses liens avec le général Khalifa Haftar, Moscou a...