Union européenne, quel avenir pour les jeunes ?
Articles de la revue France Forum
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Les analyses statistiques effectuées à l’échelle européenne se révèlent d’une grande utilité pour aborder un sujet de manière détaillée et comparative. La brochure Being young in Europe today1 offre une analyse sur la jeunesse – toujours moins nombreuse – au sein de l’union européenne qui ne cesse de vieillir. L’âge moyen des Européens augmente chaque année de quatre mois, s’établissant à 42 ans en 2013 (35 ans en 1990). Les données relatives aux deux classes d’âge observées (0-14, 15-29) permettent de saisir une réalité qui concerne un tiers de la population totale (168,74 millions en 2014), d’autant que, selon les thèmes abordés (démographie, composition familiale, santé, éducation, conditions de vie, etc.), des comparaisons temporelles sont également proposées. Ainsi, les 28 États membres offrent des tendances et des évolutions similaires, même si des situations nationales demeurent encore hétérogènes. Cependant, c’est la difficile transition vers le marché du travail qui pose un problème majeur aujourd’hui en Europe. au sein de l’Union européenne, 20,9 % des jeunes de 25 à 29 ans sont sans emploi, les chiffres atteignant 42 % en Grèce, 33 % en Italie, 32 % en Bulgarie ou près de 20 % en France. seuls deux pays présentent un taux inférieur ou égal à 10 % en 2013 : la Suède et l’Autriche. La situation des moins de 25 ans n’est guère plus avantageuse avec des taux de chômage dépassant les 20 % en Italie, en Bulgarie et en Grèce et au-dessus des 10 % dans seize autres États membres. À la fin de l’année 2014, 5,3 millions de moins de 25 ans ne seraient ni dans le système éducatif, ni en formation, ni en emploi.
Depuis 2008, la situation des jeunes s’est nettement détériorée avec la crise financière et économique. Les chefs d’État et de gouvernement de l’UE, en convoquant en l’espace de quinze mois trois « sommets européens extraordinaires » sur l’emploi, ont semblé prendre la mesure de l’enjeu et adopté une démarche volontariste. La recommandation du Conseil d’avril 2013 qui établissait la « garantie pour la jeunesse » témoigne des faibles capacités communautaires d’intervention en la matière. Et pourtant, la Commission européenne avait proposé, dès 2012, l’Initiative pour l’emploi des jeunes (IEJ), dont la « garantie pour la jeunesse », élaborée à partir d’expériences nordiques réussies, reste la mesure la plus novatrice et ambitieuse. Les États membres ont suivi cette suggestion en s’engageant à ce qu’aucun jeune Européen de moins de 25 ans ne puisse être au chômage au-delà du quatrième mois suivant sa formation ou après la perte d’un emploi. Les autorités nationales se doivent, par conséquent, d’obtenir un emploi de qualité correspondant à la formation ou proposer un apprentissage, un stage ou une formation continue de manière à « acquérir les connaissances, les compétences et l’expérience requises pour trouver un emploi ultérieurement ».
Au-delà de la politique d’affichage, c’est une bonne partie de l’organisation de la formation des jeunes et de leur insertion sociétale qu’il faudrait réformer profondément. Les efforts financiers accompagnant cette garantie pour la jeunesse existent : près de 8 milliards d’euros ont été sanctuarisés, dont 2 milliards obtenus dans un second temps par la réaffectation de fonds non utilisés du budget de l’UE. La dotation initiale de 3,2 milliards de l’initiative pour l’emploi des jeunes (ne nécessitant aucun co-financement national) et une contribution complémentaire de 3,2 milliards provenant du Fonds social européen (FSE) pour la période 2014-2020 forment l’indispensable amorçage d’une initiative qui peine, cependant, à se mettre en oeuvre dans les régions. Le rôle de la Commission européenne devient encore une fois essentiel, tout en veillant à ce que les États membres tiennent, par ailleurs, les promesses faites aux jeunes Européens. Question d’avenir ! •
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1. Eurostat, 2015.