Une politique des sanctions inefficace
Articles de la revue France Forum
Première table ronde, « Europe-Russie : quel avenir ? »
Enrico Letta vient de replacer nos réflexions dans une perspective européenne dynamique. La France et l’Allemagne, quand elles prennent des initiatives utiles, doivent effectivement se comporter comme l’un des moteurs de l’Union européenne, alors qu’une certaine rhétorique française s’est longtemps complu à parler du couple franco-allemand en termes assez sentimentaux et quelque peu mièvres. Le terme « couple » n’est plus un terme adéquat depuis un certain temps, depuis la réunification en fait.
Le bilan des vingt-cinq dernières années n’est pas extraordinaire. Beaucoup d’erreurs ont été commises depuis la désintégration de l’Union soviétique. Elles sont certainement partagées, mais bon nombre ont été le fait de l’Occident, qu’il soit européen ou américain. Les Occidentaux ont été pris d’hubris et se sont conduits comme s’ils avaient gagné et qu’il n’était plus nécessaire de prendre en compte la Russie. Cette conduite a revêtu des formes différentes suivant qu’il s’agissait de l’Union européenne ou des États- Unis, selon le président en place et selon les moments.
Dans leur ensemble, les Occidentaux ont considéré que la Russie n’avait plus une place de premier rang. On peut parler de désinvolture et même d’arrogance, en particulier aux États-Unis avec l’idée de la « fin de l’histoire ». Ainsi, pour Bill Clinton, la démocratie de marché s’imposerait partout et ceux qui ne s’y plieraient pas seraient ramenés sur le bon chemin à coups de sanctions, voire de bombardements selon George Bush fils.
Cette attitude était très prégnante dans l’argumentaire américain sur...