L'évolution du système international au cours des dernières décennies montre que l’émergence est bien plus qu’une position économique. Les marchés émergents se définissaient, en 1981, par des critères économiques et financiers : une forte croissance, un dynamisme commercial et une insertion accélérée dans le système de la mondialisation. Cette catégorie dépasse, aujourd’hui, la sphère économique pour prendre une place stratégique dans le domaine politique. L’émergence est désormais aussi un statut diplomatique, une posture et un label pour un certain nombre d’États qui entendent s’affirmer sur la scène internationale.

Pourtant, la notion de puissance émergente ou de puissance montante manque d’une définition rigoureuse et ne fait pas l’objet d’un consensus. Elle forme une catégorie à géométrie variable, dont le contenu diverge selon les analystes. Certains auteurs, comme Andrew Hurrell, trouvent toutefois une utilité à considérer ce groupe d’États comme un groupe cohésif pour analyser leur stratégie diplomatique sur la scène internationale.

Je me concentrerai sur le Brésil, l’Inde et l’Afrique du Sud. Malgré des ressources économiques et militaires variables, leur stratégie de puissance se démarque par une recherche d’influence politique sur la scène internationale basée, dans un premier temps, sur leur statut préacquis de puissance sousrégionale – pour l’Afrique du Sud et l’Inde – ou régionale – pour le Brésil. Leurs stratégies de puissance consistent ensuite...