Femmes africaines d'aujourd'hui
Articles de la revue France Forum
Plus de femmes au pouvoir se traduira-t-il par moins de conflits ?
Depuis les débuts de la colonisation, un petit nombre de femmes militantes ont joué un rôle syndical et politique important : en Afrique du sud, depuis le début du XXe siècle1, au Nigeria, en Sierra Leone, au Togo ou au Sénégal, depuis l’entre-deux-guerres. Elles étaient exceptionnelles, tendent à devenir « normales », mais leur lutte fondamentale demeure le droit des femmes à protéger leur droit à l’éducation, leur émancipation économique et leur rôle politique.
LE DROIT DES FEMMES. Les premières ont surtout choisi des carrières juridiques afin de faire évoluer le droit en leur faveur2.
Un moment décisif fut la décennie de la femme proclamée par les nations unies (1975-1985). En 1975, Agnès Fatoumata, sociologue malienne féministe, ancienne militante du Rassemblement démocratique africain (RDA), intègre la commission économique des nations unies pour l’Afrique et participe aux programmes d’action sur les revendications des femmes de son pays pour la suppression de la polygamie et du contrôle de la virginité des filles avant le mariage3. En 2002, juristes et associations féminines organisent des manifestations et des sit-in à Porto-Novo, capitale du Bénin, pour modifier le « droit coutumier » du pays, figé sur un texte de 1931 : « La femme n’a aucun pouvoir juridique. […] Elle fait partie des biens de l’homme et de son héritage4. » En 2003, à Katsina, la nigériane Hauwa Ibrahim obtient l’acquittement de Amina Lawal condamnée à la mort par lapidation pour adultère5. Cette même année, l’Union africaine...
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1. Cheryll Walker, Women and Resistance in South Africa, Londres, Onyx Press, 1982.
2. Lily Mafela, « Batswana Women and Law. Society, Education and Migration (c. 1840-c. 1980) », Cahiers d’Études africaines, XLVII (3-4), n° 187-188, 2007, pp. 523-566.
3. AFASPA, Femmes d’Afrique bâtisseuses d’avenir, éditions Tiresias, 2010, p. 150.
4. Ibid., pp. 24-25.
5. Ibid., pp. 26-27.