La frontière irlandaise, un vrai casse-tête
Articles de la revue France Forum
Des murs et des douaniers là où il faudrait des ponts et des passeurs de paix.
E le Royaume-Uni sorte de l’Union européenne (UE) au 31 octobre 20191, avec ou sans accord, ou qu’il renonce finalement à en sortir, une certitude demeure : la frontière irlandaise est une telle pomme de discorde qu’elle a, pour le moment, empêché le divorce à l’amiable entre les deux parties. Cette frontière de 500 km, avec plus de deux cents points de passage, constitue la seule frontière terrestre entre le Royaume-Uni et l’UE, devenue complètement invisible depuis la signature, en 1998, de l’accord du Vendredi saint qui mit fin aux trente années de conflit nord-irlandais (les troubles, 1968-1998). L’ironie de l’histoire est que cette épineuse question a été largement ignorée lors de la campagne aboutissant au référendum du 23 juin 2016.
Pourquoi la question de la frontière irlandaise est-elle si complexe ? Elle tient d’abord à la manière dont la Première Ministre britannique, Theresa May, a fixé le cadre des négociations avec l’UE. Il s’agissait de négocier un Brexit dur qui permette notamment au Royaume-Uni de contrôler l’immigration. Cela signifie quitter le marché unique, puisque les quatre libertés (libre circulation des personnes, des biens, des capitaux et des services) indissociables et indispensables pour bénéficier des avantages du marché unique ne sont plus respectées. Theresa May a également maintes fois répété l’intention du Royaume-Uni de se retirer de l’union douanière. Avec un tel cadre, conjugué au contexte historique, social et politique nord-irlandais, trouver un accord au sujet de la frontière irlandaise ne pouvait qu’être très complexe.
LE RETOUR D’UNE FRONTIÈRE. En effet, l’Irlande du Nord est...