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En attendant la présidence française de l’UE !

parFrançois LAFOND, conseiller spécial du vice Premier ministre en charge des Affaires européennes de la République de Macédoine du Nord

Articles de la revue France Forum

Depuis le 1er juillet, jusqu’à la fin de l’année 2021, la Slovénie préside le Conseil de l’union européenne avant que la France ne prenne le relais au cours du premier semestre 2022. 

Depuis le 1er juillet, jusqu’à la fin de l’année 2021, la Slovénie préside le Conseil de l’union européenne avant que la France ne prenne le relais au cours du premier semestre 2022. Pour la deuxième fois depuis son adhésion en 2004, ce petit pays de 2 millions d’habitants, premier et jusqu’à ce jour unique état de l’ex-Yougoslavie à avoir réussi parfaitement son intégration dans l’union européenne (puisque membre de l’euro et de l’espace Schengen), pilote l’agenda européen. La période est encore sérieusement plombée par la crise sanitaire et cette succession de variants qui hypothèquent le retour à la vie sociale d’avant. La mise sous perfusion économique et l’adoption des 27 plans nationaux de relance et de résilience progressent, mais les perspectives budgétaires et sociales n’ont jamais été aussi floues. Le slogan de la présidence voulue par Ljubljana, « Ensemble, résiliente Europe », semble traduire une prudence de bon aloi alors que le choix de Paris, «  Puissance, relance, appartenance », pourrait apparaître quelque peu cocardier...

Le programme des initiatives des six mois slovènes présente une telle densité que l’on se demande comment un gouvernement de coalition (en place depuis mars 2020 et dirigé par Janez Janša) et une administration de taille modeste peuvent accompagner les institutions européennes et les autres états membres avec le bon tempo et les nécessaires ajustements en termes de coordination et de communication. À se référer aux quatre domaines clés choisis par cette présidence, le juste équilibre entre répondre aux préoccupations actuelles de sociétés se battant contre le virus et progresser sur le sujet des évolutions intégrationnistes de moyen terme de l’Union européenne semble avoir été trouvé. Au moins sur le papier.

En premier lieu, il convient de faciliter la reprise et de renforcer la résilience de l’UE dans le domaine de la santé (avec le renforcement de l’Agence européenne des médicaments, la mise en place d’une Autorité de l’urgence sanitaire), mais aussi dans les autres domaines de la souveraineté (cyber-résilience, alimentation, environnement). Le deuxième pilier est dédié au suivi de la Conférence sur l’avenir de l’Europe, fortement voulue par le président français et dont il tirera en personne les conclusions au premier trimestre 2022, qui a pour ambition de faciliter la discussion avec les citoyens sur la manière de préparer le continent européen aux nouveaux défis à relever. Avec une mise en place poussive et une faible motivation de la plupart des intéressés, il faudra bien du doigté pour aboutir à des conclusions opérationnelles. Le troisième axe mis en avant est le renforcement de l’état de droit en tant que valeur européenne commune. Le deuxième rapport annuel de la Commission européenne sur le fonctionnement de l’État de droit au sein des états membres sera publié. Il s’agit d’un exercice encore peu reconnu, dans les opinions publiques, mais qui est sur le point de devenir aussi polarisant que ne l’est le semestre économique et les recommandations faites aux Etats membres par la Commission européenne. La quatrième priorité affichée par les Slovènes est de s’assurer que l’union européenne soit crédible en matière de sécurité et de stabilité dans un monde se dirigeant lentement vers une nouvelle bipolarité entre les États-Unis et la Chine. L’UE se cherchera une voie (une voix ?) pour restaurer l’un des piliers de son intégration – la libre circulation des citoyens dans l’espace Schengen – et poursuivra les négociations sur l’acceptation du pacte sur la migration et l’asile et ses prolongements logiques à l’est et au sud (avec un nouvel accord migratoire avec la Turquie). Une attention particulière sera portée aux Balkans, avec un sommet UE-Balkans occidentaux en octobre 2021 et l’espoir, enfin, de lancer officiellement des négociations pour l’adhésion de l’Albanie et de la Macédoine du Nord, tout en consolidant celles, ensablées, avec la Serbie et le Monténégro. Un agenda que Paris suivra, on s’en doute, très attentivement, d’autant que le Premier ministre slovène ne rate jamais une occasion de montrer son admiration à ses collègues hongrois ou polonais…

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