NOTE DE LECTURE - PANORAMA

La rentrée littéraire

parJérôme BESNARD, essayiste, chargé d’enseignement à l’université Paris Cité

Articles de la revue France Forum

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Plutôt que de se pencher sur les poids lourds de l’édition, nous avons choisi de vous présenter les textes de trois auteurs qui construisent leur oeuvre à l’écart des sentiers battus du parisianisme littéraire. Prenez Bruno Deniel-Laurent qui signe avec L’Idiot du palais son premier roman. Il met en scène Dusan, 25 ans, franco-serbe, agent de sécurité d’une princesse moyen-orientale dans son hôtel particulier de l’ouest parisien. Le travail est sans intérêt, mais lui fournit un salaire correct. Survient le prince qui vient assouvir à Paris ses désirs de domination sexuelle. Dusan va tomber sous le charme d’une de ses victimes, prostituée marocaine. Pris entre la médiocrité faussement virile régnant dans les sociétés de sécurité privée et les repoussantes pratiques des émirs pétroliers, écartelé entre docilité complice et amour impossible, Dusan va commettre la faute : se mettre en porte-à-faux avec l’entourage du prince.

Frédéric Beigbeder ne cache pas son admiration pour l’oeuvre de Olivier Maulin. Pourtant, ce dernier fait tout pour défier notre époque : ses héros sont décroissants, (très) mal pensants, ruraux, alcooliques… Dans son nouveau roman, Gueule de bois, tout commence par une incursion désopilante dans le monde journalistique et littéraire parisien : une longue dérive arrosée, allant du musée des Arts premiers à l’hôtel particulier d’un émir (encore un) en passant par l’hôpital du Val-de-Grâce. Puis le héros, journaliste au magazine Santé pour tous, part effectuer un reportage sur les loups dans les vosges où il fait la connaissance d’une consoeur quelque peu désabusée par le tour qu’a pris sa vie. Entre une scierie et une maison de retraite, auprès d’un lieutenant éleveur de chiens de garde, ils vont trouver les sentiers du réenchantement de leurs vies. 

Loin du roman, style qu’il affectionne particulièrement, Christian Authier a placé son récit De chez nous sous les auspices de Charles Péguy. Il s’agit d’une douce dérive au long cours dans les chemins de traverse des affinités électives de l’auteur. On y parle de la grandeur de la France libre, des attitudes face à l’Occupation et à la décolonisation, mais aussi des joies du football et du goût immodéré de certains pour le vin naturel. Comme il le dit lui-même : « Les frontières de notre pays sont mouvantes. Elles viennent du passé et ne cessent de se renouveler en guettant l’horizon, elles n’épousent pas une identité nationale réduite à des papiers officiels, une feuille d’impôts ou une carte d’électeur. Pour les dessiner et peindre les visages qui en composent le coeur battant, nous aurons recours à l’Histoire, à la littérature, aux poètes, aux amis, aux vivants et aux morts, à des sentiments ordinaires et rares, à des souvenirs et à des espérances. » Vaste programme !


 

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