Dans le grand mouvement de la globalisation, la pauvreté a reculé, de manière foudroyante, si on se rapporte à l’Histoire. Depuis trente ans, plus d’un milliard d’individus sont sortis de la grande pauvreté. Aux Nations unies, on calcule que, dans trente ans, la pauvreté de ceux qui subsistent avec un dollar de revenu par jour aura totalement disparu. Le « progrès » aura produit ses effets bénéfiques, ce qui paraît indispensable, si on se réfère à la généralisation de l’urbanisation. Ils seront insuffisants ! Ce recul de la pauvreté est la conséquence de l’enrichissement d’une minorité de « capitalistes ». La réduction de la misère s’accompagne d’un accroissement des inégalités : la révolution sociale (droits de l’homme, antiracisme) s’oppose alors au progrès économique. La mondialisation consiste à chercher des producteurs moins coûteux dans les campagnes et des acheteurs plus riches dans les villes. Cette problématique apparaît déjà chez Marx.
Il faut comprendre quel est le lien entre la démographie et la pauvreté, comme cela apparaissait déjà dans les oeuvres de la comtesse de Ségur. Si la Chine est en voie d’abolir la misère, c’est parce qu’elle a échangé l’accroissement démographique qui menaçait de l’étouffer en 1945 en une croissance économique exponentielle ; l’investissement productif n’a été rendu possible que par un désinvestissement démographique (l’« enfant unique » par famille). En revanche, un pays comme le Niger, champion du monde du nombre d’enfants par femme, se prépare, évidemment, dans trente ans, un autre destin (et d’autres problèmes).
L’explosion démographique en Afrique subtropicale sera d’ici le même temps, non seulement le problème des gouvernements de ces pays, mais aussi de l’Union européenne. Il s’ajoutera 600 millions d’individus, jeunes et entreprenants, à la population actuelle. Cette masse énorme tentera par tous les moyens d’entrer dans ce « paradis » du progrès social qu’est l’Europe, comme le firent au XIXe siècle nos cousins qui se précipitèrent en Amérique, pour fuir la misère du Vieux Continent. La pauvreté reste un problème majeur pour les démunis d’abord, mais pour les « riches » aussi. Cette question ne doit donc pas être posée d’un ton geignard, mais dans la perspective d’une responsabilité majeure des actuelles générations !