Les enjeux de la nouvelle liaison ferroviaire Lyon-Turin
Articles de la revue France Forum
Enfin le bout du tunnel ?
Les Alpes constituent, de la frontière Suisse à la Méditerranée, une solide barrière naturelle freinant les relations économiques entre la France et l’Italie et plus encore entre la région Auvergne-Rhône-Alpes et celle du Piémont. Il n’est qu’à évoquer le souvenir des expéditions de Hannibal ou de Napoléon Bonaparte pour situer l’ancienneté du problème. La solution retenue par les deux pays à la fin du XXe siècle pour y remédier consiste à percer un nouveau tunnel orienté est-ouest entre la vallée de La Maurienne (côté français) et celle de Suse (côté italien). Cette réalisation permettra de concurrencer l’axe reliant l’Europe du Nord (Allemagne, Benelux, Royaume-uni…) à l’Italie par la Suisse.
L’idée n’est pas nouvelle. Elle a un précédent toujours existant. La liaison ferroviaire entre ces deux vallées était en effet et jusque-là assurée, entre Modane et Bardonnèche, par le tunnel du Fréjus. Ce dernier, inauguré en septembre 1871 et long de 13,7 km, se situe en moyenne à 1 123 m au-dessus du niveau des mers. Cette altitude élevée et le dénivelé qu’elle impose aux voies d’accès expliquent l’impossibilité d’en faire un axe de fret majeur ou un passage pour trains de voyageurs à grande vitesse entre les deux pays. En conséquence, il a donc été décidé, au début des années 1990, par la France et l’Italie de percer un autre tunnel ferroviaire, beaucoup plus long, destiné à abriter une liaison à grande vitesse pour les voyageurs et le fret. Sa longueur sera de 57,5 km et son altitude de 580 m. Sa mise en service est prévue à l’horizon 2030. Envisagée dès la Convention alpine de 1991, la réalisation de la partie centrale de la nouvelle liaison Lyon-Turin a été confiée, successivement, à partir de 2001, à la société Lyon Turin Ferroviaire (LTF), filiale...