Lors des mouvements de contestation qui ont traversé le monde arabe en 2011, les aspects politiques ont été beaucoup évoqués, mais les importantes évolutions sociales, bien moins. Les images qui nous sont parvenues des manifestations ont pourtant montré une forte mobilisation des femmes, jeunes ou moins jeunes, venant de divers horizons sociaux. Le cas du Yémen a été emblématique, pays où les femmes, cantonnées à la sphère privée, n’ont pas hésité à descendre dans la rue. Le prix Nobel de la paix accordé, en octobre 2011, à la journaliste Tawakkol Karman¹ a démontré cette présence féminine et permis de changer le regard porté sur les femmes yéménites. Sujettes à de fortes pressions pour qu’elles retournent dans leurs foyers, de nombreuses femmes ont néanmoins résisté et continué d’investir l’espace public. Les réseaux sociaux ont aussi été un moyen pour elles de s’exprimer, d’échanger et d’échapper à la tutelle familiale. Cette présence des femmes a parfois provoqué de vives réactions. Il suffit de se remémorer les attaques contre certaines d’entre elles place Tahrir, au Caire, victimes d’agressions sexuelles collectives.

Les révolutions ont donc été un moment au cours duquel les femmes...

————— 
1. Elle a créé, en 2005, l’ONG Femmes journalistes sans chaînes. Elle estime que les femmes, centre de sa mobilisation, sont de réelles partenaires pour libérer son pays de l’injustice.