La Norvège face au terrorisme
Articles de la revue France Forum
Exportateur de pétrole, mais malheureusement de terroristes aussi.
La menace terroriste est évoquée en Norvège depuis le milieu des années 1970. Elle ne s’est cependant pas matérialisée dans un terrorisme révolutionnaire de gauche, ni dans un terrorisme irrédentiste ou séparatiste ni même dans un terrorisme islamiste. Elle a frappé le pays dans les années 2000 par l’intermédiaire d’une frange de l’extrême droite nationale qui plonge ses racines dans un fascisme historique reconverti à l’idéologie anti-djihadiste. Cette mouvance ne faisait pas l’objet d’une attention particulière de la part des autorités norvégiennes, plutôt préoccupées à prévenir l’émergence d’un milieu islamiste radical1. L’attaque à la bombe contre les bâtiments abritant les bureaux du Premier ministre et le massacre de jeunes militants du parti travailliste sur l’île d’Utøya le 22 juillet 2011 ont constitué un électrochoc qui a modifié durablement le rapport des Norvégiens au fait terroriste.
Entre les années 1970 et 2011, la menace terroriste est considérée comme lointaine. Les Norvégiens constatent les ravages causés par l’hydre terroriste sur le continent européen sans pour autant se sentir concernés. Une menace latente existe pourtant du fait d’un conflit profond entre forces démocrates et antidémocrates et de la transition rapide d’une société homogène et monoculturelle à une société hétérogène et multiculturelle. Ce processus engendre un fossé grandissant entre la société et les populations immigrées qui se manifeste par une ignorance réciproque ou, dans des cas plus extrêmes, par un rejet mutuel. Ces tensions sociétales profitent à des forces politiques historiquement opposées à l’émergence d’une société multiculturelle. Celles-ci parviennent...
_____
1. Jean-Luc Marret et Emmanuel Clavaud, Oslo Terrorist Attacks. Analysis, Consequences and Lessons Learned, Fondation pour la recherche stratégique, n° 13/2011, 2011.