Grèce-Turquie : des relations entre deux eaux
Articles de la revue France Forum
Serait-ce Poséidon qui souffle ainsi sur ces braises
LE différend entre la Grèce et la Turquie relatif à la délimitation de leurs frontières maritimes, connu sous le nom de contentieux de l’Égée, dure depuis près d’un siècle. Large échancrure de la mer Méditerranée, la mer Égée relie la péninsule grecque à la péninsule anatolienne. Elle est également reliée à la mer de Marmara et à la mer Noire par les détroits des Dardanelles et du Bosphore au nord. Toute frontière maritime entre des États est définie par le droit international depuis le traité de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM) de 1982. Ce traité a été signé ou accepté par cent soixante-sept États et l’Union européenne (UE), mais la Turquie ne l’a pas encore signé ni ratifié.
Les frontières maritimes définissent l’espace dans lequel l’État côtier exerce une compétence juridique exclusive sur les aspects essentiellement de nature économique. Les frontières maritimes d’un État côtier depuis l’extérieur de la ligne de base (en partant de la côte) sont : la mer territoriale, la zone contiguë, la zone économique exclusive (ZEE) et le plateau continental. Trois de ces éléments jouent un rôle extrêmement important dans les relations entre la Grèce et la Turquie.
UN DIFFÉREND MARITIME. En vertu du droit international (article 3 de la CNUDM), les eaux territoriales peuvent avoir une largeur maximale de 12 milles marins à partir de la ligne de base. Dans cette zone, l’État jouit d’une pleine souveraineté sur les eaux, le fond marin et le sous-sol ainsi que sur l’espace aérien qui les surplombe. La délimitation de cette frontière entre deux États côtiers situés en face l’un de l’autre suit la ligne médiane qui les sépare, sauf dans les cas où un accord différent est en vigueur (article 15 de la CNUDM)...