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Regard d'un chercheur universitaire québécois

parGuy PELLETIER, professeur à l'université de Sherbrooke (Canada)

Articles de la revue France Forum

L'argument d'autorité : un management en voie de disparition.

D'origine anglo-saxonne et germanique, la notion de leadership s’est développée en Amérique dans les années d’après-guerre et cela sous l’impulsion, entre autres, d’universitaires allemands qui avaient fui les persécutions nazies. L’intérêt pour le leadership s’est déployé en opposition aux pratiques bureaucratiques et autoritaires qui prévalaient dans les organisations traditionnelles. Bien des travaux sur le leadership s’inscrivent dans la mouvance des études portant sur « l’art de diriger autrement ».

Étymologiquement, le leadership dérive de l’anglais to lead qui signifie conduire et, en amont du terme anglais, selon Le Robert, d’un verbe germanique lui-même dérivé d’un nom désignant le chemin, le convoi. Le suffixe ship associé au mot leader est apparenté à la vieille racine germanique skap, « créer, façonner », que l’on retrouve dans l’anglais to shape, « former, façonner ». De ses origines, leadership exprime donc à la fois l’art de la conduite et celui de la création des formes, c’est-à-dire celui de donner du sens1.

L’intérêt pour le leadership s’inscrit dans un cadre culturel, idéologique et identitaire qui a des caractéristiques particulières : celui de l’homme « libre », des droits individuels forts, d’une réglementation sociale limitée et d’un appareil étatique ou bureaucratique relativement faible. Dans un tel contexte, les modes de régulation de l’action ne peuvent reposer uniquement sur des approches très formalisées et hiérarchiques, voire autoritaires, et la question fondamentale est alors la suivante : comment faire pour « mobiliser » des collaborateurs et des subordonnés qui sont des agents libres ? Cette capacité d’action...


 

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