Vers un nouveau cycle de conflictualité ?
Articles de la revue France Forum
La guerre, entre innovation et tradition.
« La guerre n’est donc pas seulement un véritable caméléon parce qu’elle change quelque peu sa nature dans chaque cas concret, mais elle est aussi, dans ses manifestations globales, par rapport aux tendances qui y prédominent, une étonnante trinité, composée d’abord de la violence originelle de son élément, la haine et l’hostilité, qu’il faut considérer comme une impulsion naturelle aveugle ; ensuite du jeu des probabilités et du hasard qui en font une libre activité de l’âme ; enfin de la nature subordonnée d’un instrument de la politique par quoi elle ressortit à l’entendement pur. »
Karl von Clausewitz, De la Guerre, Livre I1
L’Année 2020 apparaît, à bien des égards, comme une année charnière, non seulement du fait des attendus géopolitiques insoupçonnés causés par la pandémie de Covid-19, mais aussi des conséquences du mandat transgressif du président Donald Trump et de la remise en cause quasi-systématique de toute forme de multilatéralisme sur la stabilité du système international. Dans cette configuration des plus incertaines, s’affirme un certain nombre de puissances « désinhibées » pour lesquelles le recours à l’option militaire, dans le but de faire prévaloir leurs intérêts, tend à se banaliser et ouvre la possibilité d’affrontements dissymétriques. Si, depuis le lancement de « la guerre contre le terrorisme » initiée par les États-Unis dans le prolongement des attentats du 11 septembre 2001, les deux dernières décennies ont été largement caractérisées par des guerres asymétriques de relativement faible intensité, ce cycle de conflictualité semble s’achever et laisser place à un nouveau cycle, celui d’un retour à une forme de guerre plus « conventionnelle » susceptible de « re-mettre » aux prises des puissances constituées dans le cadre d’une conflictualité de haute intensité...