Régions fortes, État faible ?
Articles de la revue France Forum
Une jolie musique, mais des paroles qui restent encore à écrire.
En Italie, la question des rapports entre l’état central et les régions a toujours été un thème très discuté et ce, depuis les premiers débats de l’Assemblée constituante. En effet, contrairement à d’autres pays, les régions italiennes, dans leur dimension institutionnelle actuelle, sont des créations d’après-guerre. Il est d’ailleurs probable que les deux principaux partis qui ont contribué à l’écriture de la Constitution aient légitimé leur création plus pour s’assurer une protection politique de leurs fiefs respectifs que par réelle conviction. En effet, devant l’incertitude qui planait quant aux résultats de l’élection législative de 1948, les partis ont préféré maintenir des présidences régionales pour lesquelles ils étaient assurés d’avoir la majorité. Une fois les élections gagnées, la décision de la Démocratie chrétienne de « congeler » immédiatement le rôle des régions semble le confirmer.
La véritable histoire des régions commence d’ailleurs, non pas au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, mais entre 1970 et 1977 avec les premières élections régionales au suffrage universel et l’attribution de leurs premières compétences administratives par les décrets 616 et 617 de 1977. Si ce nouveau mode d’élection a constitué une décision symboliquement forte, cela n’a pas suffi à assurer aux régions une véritable autonomie, d’autant qu’elles ont continué à disposer d’un financement principalement dérivé. C’est seulement au début des années 1990, alors que l’on se préparait à admettre leur inévitable déclin, coïncidant avec l’adoption de la loi 142 relative à la nouvelle organisation des collectivités locales, que l’institution régionale a repris sa longue et tourmentée évolution. En effet, les régions sont subrepticement évoquées dans la loi 142 grâce à un « coup de force parlementaire nocturne » du ministre des Affaires régionales et des Réformes institutionnelles de...