Les États providence nordiques¹ figurent tous au palmarès des pays les plus heureux du monde. Depuis plusieurs années, de nombreuses enquêtes et études internationales s’en font l’écho. De toute évidence, c’est le signe que quelque chose fonctionne.
 

PRENDRE EN CHARGE LES CITOYENS « DU BERCEAU À LA TOMBE ». Comment expliquer le bonheur des citoyens de ces pays, en dehors de la confiance inébranlable qu’ils s’accordent les uns aux autres ? Des États providence relativement généreux et universels prenant en charge les citoyens « du berceau à la tombe », selon le célèbre mot danois. Ce constat reste vrai même si, ces dernières années, l’immigration est venue remettre en cause l’image de petites sociétés homogènes et si le concept d’État providence a, lui aussi, évolué, avec quelques différences selon les pays.

Si ces changements prennent des formes diverses, ils accordent tous une place grandissante à la notion d’activité compensatoire (ou workfare), en vertu de laquelle tout bénéficiaire de l’allocation chômage s’oblige à chercher très activement un emploi et à prendre part à différentes activités dites d’activation de la protection sociale. Mais la baisse relative de la générosité des indemnités chômage a pour corollaire l’augmentation simultanée des dépenses dévolues aux soins de longue durée et aux personnes âgées (pension et soins de santé, par exemple). Par conséquent, le concept d’État providence continue bien d’occuper une place centrale dans le fonctionnement des pays nordiques. Ces derniers restent, en Europe, ceux qui dépensent le plus en termes de protection sociale.

Pour autant, ces dernières années, la hausse des inégalités se généralise et estompe l’exception que constituaient les États providence nordiques en ce domaine. Certes, ils figurent toujours dans le top 10 du classement (4e, 7e et 9e rang) des pays de l’Union européenne (UE)² selon le coefficient de Gini du revenu disponible équivalent, mais leur position s’est dégradée. Ainsi, les inégalités augmentent en Suède et au Danemark depuis une dizaine d’années, ce qui pourrait, à long terme, avoir des répercussions sur...