France Forum. – Après de longues études de droit, vous entrez chez les dominicains en 1958, puis vous êtes ordonné prêtre et devenez aumônier des étudiants de la faculté de droit et, après 1968, défenseur des droits des travailleurs immigrés en Haute-Savoie ; cela a été le point de départ de votre engagement contre l’injustice ?

Père Henri Burin des Roziers. – En Haute-Savoie, dans les années 1970, j’ai avec d’autres militants, y compris chrétiens, dénoncé des injustices très graves qui se passaient dans la région (déportations dans les montagnes enneigées d’Annecy de clochards dont certains en sont morts, qui incommodaient les touristes, expulsions de Roms…) que cachaient les autorités et sur lesquelles l’Église institutionnelle gardait aussi le silence. Mais, déjà auparavant, j’avais fait partie de la Conférence de Saint-vincent-de-Paul qui m’avait sensibilisé aux souffrances des pauvres.

FF. – Comment êtes-vous arrivé au Brésil ?

HBR. – À l’époque, au couvent des dominicains Saint- Jacques à Paris, j’ai rencontré des frères expulsés du Brésil par la dictature. Au cours de nos échanges, j’ai découvert la situation...