Les pays nordiques face à la Russie
Articles de la revue France Forum
Ceux qui croyaient à l’Otan et ceux qui n’y croyaient pas.
En octobre 2018, la ministre norvégienne des Affaires étrangères, Ine Marie Eriksen, alors en visite dans les îles Svalbard (archipel au nord du pays), s’est publiquement alarmée de la résurgence de la présence russe dans cette région. L’inquiétude provoquée par l’annexion de la Crimée, en 2014, met en exergue la nouvelle dichotomie géostratégique qui s’est installée en Europe du Nord. Ce bouleversement du paysage sécuritaire dans la région s’est traduit par un revirement des politiques de défense qui mettent désormais la priorité sur un plus grand investissement militaire et une coopération accrue entre les différents États.
Si la coopération régionale en matière de défense et de sécurité existe, notamment à travers la structure du Nordefco (Nordic Defence Cooperation), son efficacité reste limitée et son champ d’action, distendu. Le Nordefco, structure basée sur une logique régionale extérieure et créée en 2009, a pour but de gérer la coopération régionale nordique, notamment dans les domaines de défense et de sécurité. Comprenant les cinq pays nordiques (Islande, Norvège, Danemark, Suède, Finlande) et fondée avant tout sur les interactions et consultations politiques des ministères de la Défense des différents pays membres, cette institution tient plus du forum régional dont les discours se traduisent rarement en actions concrètes fortes. Une autre plateforme de coopération régionale axée, elle, exclusivement sur la défense est le N5 (Nordic5). Depuis 2008, il intègre la Lettonie, la Lituanie, l’Estonie, devenant le Nordic-Baltic Eight (NB8). Favorisant une meilleure coopération entre les acteurs de la région et le développement de nouveaux partenariats en matière de sécurité entre les pays baltes et nordiques, le NB8 souffre, cependant, des mêmes failles que le Nordefco, à savoir son manque d’homogénéité.
LA RÉGION NORDIQUE ET BALTIQUE : UNE MOSAÏQUE GÉOPOLITIQUE. Si tous s’accordent à condamner fermement et unanimement l’annexion de la Crimée par Moscou et à identifier la Russie comme première et principale menace à la stabilité et à l’équilibre sécuritaire...