Le siècle n'a que quelques mois et l'interrogation demeure : « Imaginer le XXIe siècle ? Quel risque ! », écrit René Pucheu dans le prolongement d'un premier article sur le sujet dans le n° 327.
Il a lu la presse depuis le 31 décembre 1999 et en a extrait et commenté le meilleur. Comme ces propos de Steiner relevés dans Le Figaro : « Je pressens une république de la solitude des âmes. »
Le cinquantenaire de la mort de Marc Sangnier est l'occasion d'un hommage.
« Occasion de mesurer une nouvelle fois l'exceptionnelle envergure d'un militant totalement désintéressé (il a englouti sa fortune dans son aventure), inventif [...], peut-être par-dessus tout prodigieux "éveilleur" et entraîneur d'hommes. » Occasion aussi de rappeler sa très belle définition de la démocratie : « L'organisation sociale qui tend à porter au maximum la conscience et la responsabilité civiques de chacun. »
L'Europe s'affirme, la décentralisation progresse, mais la France se sclérose. Alors pourquoi pas le fédéralisme ? interroge Jean Schéré.
« Nous pensons que cette évolution est non seulement une nécessité face aux enjeux de l'Europe nouvelle et de la globalisation, mais aussi une chance pour la France de devenir une république moderne, c'est-à-dire une république fondée sur la confiance et non la méfiance vis-à-vis des citoyens et des corps intermédiaires, seuls garants au bout du compte de la pérennité de la vie démocratique.
Le travail de Carl Schmitt, un des grands penseurs politiques du XXe siècle, a longtemps été dénigré, puis oublié en raison de sa collaboration initiale avec le régime nazi.
Le statut et le rôle des femmes dans la société sont interrogés par Anne-Marie Idrac à l'approche de la révision constitutionnelle instituant la parité : « Les femmes ne sont pas une catégorie, ni une minorité - comme le sont les Bretons, les personnes de couleur ou celles qui portent des lunettes : elles sont aussi "universelles" que les hommes. [...] C'est donc bien au nom de l'universalisme que l'on peut, me semble-t-il, accepter la modification constitutionnelle. »
France Forum revient longuement sur les événements de 1968 à la faveur de plusieurs articles dont celui de François Fejtö sur le printemps de Prague, « coïncidant avec les vagues de mouvements estudiantins et sociaux qui, quasi simultanément, secouaient les démocraties occidentales - avec des motivations et une violence qui rendaient perplexes les jeunesses de l'Est frustrées de liberté et de biens matériels -, les mouvements de Prague et de Bratislava ont porté témoignage de l'attachement inextirpable de leurs élites, de leurs nations, aux valeurs fondatrices de la civilisation européenne ».
1998 marque le 40e anniversaire de la Ve République.
Le professeur Pierre Avril s'essaie à un bilan de notre Constitution à un moment particulier, celui d'une cohabitation entre un président de la République et un premier Ministre de conviction politique opposée : « Paradoxalement, la défaite qui retire au président de la République les moyens de gouverner n'affecte pas sa fonction elle-même et la légalité devient la légitimité minimale qui empêche les vainqueurs d'aller jusqu'au bout de leur victoire. »
« La France fin de siècle découvre, non sans trouble et inquiétudes, qu'elle est devenue une société multireligieuse en même temps qu'une société multiculturelle », écrit Danièle Hervieu-Leger.
Dès lors, les défis de la laïcité sont immenses : « Le défi qu'elle doit relever, depuis ses origines, est celui de savoir comment penser l'autonomie du sujet citoyen sans la laisser réduire à cette forme appauvrie que Benjamin Constant désignait comme "l'indépendance de l'individu dans sa vie privée". »
« La quête spirituelle de l'homme d'aujourd'hui fait-elle peur à l'Eglise ? ».
Question singulière à laquelle Emile Poulat s'efforce de répondre : la modernité « est, en fait, la seule des révolutions qui ait réussi, imposant sa loi au monde entier. Tous en rêvent et s'y soumettent. [...] Les chrétiens n'ont aucune raison de désespérer, s'ils ne confondent pas la vertu d'espérance avec les formes données à leurs espoirs : reconquérir le monde, refaire chrétiens nos frères, instituer une nouvelle chrétienté ; ou bien prophétiser la catastrophe ».
François Fejtö parle avec Edgar Morin « d'amour, de poésie et de sagesse ».
Edgar Morin revient aussi sur la modernité : « En effet, je pense que le nouveau n'est pas nécessairement meilleur. Et c'est peut-être la vérité de l'idée post-moderne. Le problème n'est pas dans la production systématique et forcenée du nouveau. »
Un inédit de Jacques Maritain est proposé.
Il est consacré à l'éducation : « L'éducation libérale de base ne regarde pas les étudiants comme de futurs professeurs ou spécialistes, ni comme de futurs gentlemen ou membres de la classe privilégiée. Elle les regarde comme de futurs citoyens qui doivent agir en hommes libres et être capables de porter des jugements droits et indépendants et de jouir de l'héritage commun du savoir et de la beauté. »
France Forum célèbre son 40e anniversaire. Et ses fondateurs.
« C'est à partir de là, une amitié et une même attitude d'esprit, proche de la Résistance, que s'est construite l'action de la revue. » Un débat réuni René Rémond, Michel Drancourt, Jean-Marie Domenach, Michel Crozier et Maurice Blin. « La perte des paradis sur terre est-elle une bonne chose ? [...] On a sacrifié des millions d'hommes pour le paradis sur terre... Mais nous avions cru qu'il y avait au moins, sinon un paradis, au moins une possibilité de société plus juste, de société plus heureuse et plus convaincue d'avoir à faire dans le monde quelque chose qui ait du sens. »
Un dossier spécial est consacré au MRP suite au colloque du 10 décembre 1996.
L'esprit très religieux des années 1890 et un colloque de l'institut Marc Sangnier invitent l'historien Jean-Marie Mayeur dans cette livraison de France Forum.
Sartre et Aron, éternelle opposition presque aussi célèbre que celle de Anquetil et Poulidor, les Stones ou les Beatles.
En ce début d'année 1996 marquée par un vaste mouvement social en France, Damien Toulemonde s'interroge, lui, sur la montée de l'islamisme intégriste.
France Forum célèbre le centenaire du Sillon de Marc Sangnier et rappelle sa devise si belle « Il faut aller au vrai avec toute son âme ».
Riche numéro centré sur notre voisin allemand avec les signatures de Joseph Rovan et de Michel Albert.
Le cinquantenaire du MRP est célébré et surtout analysé à l'aide des nombreux témoignages de ces « pères fondateurs ».
France Forum reprend l'allocution de Maurice Schumann prononcée à l'occasion du 50e anniversaire du programme du Conseil national de la résistance.
France Forum rend, ici, hommage à Etienne Borne.
Au terme de sa vie, Etienne Borne livre les sentiments que lui inspirent les saisons.