En France, depuis les années 1980, le défi pour l’égalité entre les femmes et les hommes n’est plus d’atteindre l’égalité juridique entre les sexes, mais l’égalité dans les faits, en s’attaquant aux discriminations – directes et indirectes, conjoncturelles et structurelles – par des politiques dites d’égalité.
Dans la lente conquête des droits des femmes, la France a pourtant accompli des progrès remarquables. C’est un des constats du 9e rapport du Forum économique mondial (WEF) sur l’égalité entre les femmes et les hommes. Dans sa dernière livraison, le classement pointe les avancées significatives de notre pays qui passe de la 45e place à la 16e sur 142 pays.
Pour autant, dans notre société, le sujet le plus préoccupant reste l’inégalité salariale. Ainsi, les femmes gagnent en moyenne 20 % de moins que les hommes et, plus les salaires sont élevés, plus la différence est grande. Dans ce domaine, le Forum économique mondial projette une égalité pérenne entre les femmes et les hommes en… 2095 !
Dans d’autres régions de la planète, tel le monde arabe, les femmes mènent un combat au péril de leur vie et sont devenues des sentinelles de la démocratie.
Premières victimes des régimes autocratiques, pour lesquels leur statut personnel était une variable d’ajustement et un gage donné aux conservateurs de tous bords, les femmes ont souvent été les instigatrices et les consciences des révolutions. Chacun se souvient du combat et de la colère des femmes algériennes pendant la décennie noire de l’islamisme où, jour après jour, et dix ans durant, elles ont lutté, pied à pied, contre l’intégrisme du GIA : journalistes, universitaires, mères de famille, la gorge tranchée d’avoir trop parlé, trop dit. « Si tu parles, tu meurs. Si tu te tais, tu meurs. Alors, dis et meurs », répétait en écho le journaliste martyr Tahar Djaout.
Chacun se rappelle que les femmes arabes sont venues en masse dans les manifestations. Seules ou avec leurs enfants. On les a vues impressionnantes pendant la révolution de Jasmin de Tunisie. Elles étaient aussi en Égypte (une femme sur cinq manifestait), place Tahrir. Debout et fières.
Les femmes arabes sont des forces incontournables pour les régimes en transition car elles en sont les sentinelles et les vigies.
Pour les aider dans leur marche vers la démocratie et la reconnaissance de leurs droits indivisibles et universels, l’Union pour la Méditerranée (UPM) pourrait jouer un rôle positif. Il est de la responsabilité historique de la France et de l’Union européenne de ne pas rater ce rendez-vous avec le monde arabe. Pour cela, nous devons, nous Françaises et Français, rappeler que la séparation constitutionnelle du religieux et du politique est une garantie pour la démocratie. Pour nous, Français, la laïcité est notre bien le plus précieux. C’est l’arme des femmes pour leur émancipation et leur dignité.
Fadila Mehal
conseillère de Paris
fondatrice et présidente de la République ensemble